Enthousiasme, clarté, capacité à prendre du recul sur ses recherches : telles sont les caractéristiques des chercheurs souvent présents dans les médias.
Pour les journalistes, le « bon client » est la personne qu’on interviewe souvent parce qu’elle a toutes les qualités qu’un média attend. Disponible, intéressante, passant bien à l’écran… Les scientifiques peuvent être de très bons clients, à condition de sortir un peu de la posture du professeur.
Enthousiasme
Le bon client est d’abord quelqu’un de passionné. La passion, l’enthousiasme, la générosité, se ressentent largement à l’écran et à la radio. Cela ne s’apprend pas, ne se feint pas. Mais beaucoup de scientifiques sont passionnés, pourtant seuls certains parviennent à faire ressortir cette passion dans les médias. Le secret l’enthousiasme. Il ne s’agit pas d’en « faire des tonnes », mais juste d’arriver à faire ressentir votre passion de la science. Cela s’apprend avec le temps, avec l’aide de journalistes eux aussi passionnés.
Une interview n’est ni un duel, ni une discussion entre potes. C’est un dialogue entre deux professionnels, l’un de l’information, l’autre de sa discipline. Ils ont un but commun : raconter la science de manière juste et passionnante. Contrairement à ce que l’on croit souvent, il n’y a pas besoin de faire le show pour intéresser le public. Il suffit d’être clair, juste et d’avoir envie de partager. Et sincère.
Questions naïves
Même si ce n’est pas facile, tâchez d’oublier le « décorum », la caméra, l’ingénieur du son, et toute cette technique indispensable mais envahissante. L’interview reste une relation entre humains : le scientifique doit convaincre le journaliste qui représente les millions de téléspectateurs ou d’auditeurs. D’où ses questions souvent volontairement naïves.
Ces questions sont rarement celles qu’attendent les chercheurs. Dans leur travail, ceux-ci sont en effet obnubilés par la question « comment ? ». Comment telle équipe a obtenu tels résultats ? La manip est-elle de qualité ? L’échantillon est-il de taille suffisante ? Le traitement statistique est-il adapté ? C’est l’exercice normal du métier de chercheur. Mais le public, lui, se pose une toute autre question.
Cette question, c’est « pourquoi ? ». Autrement dit, pourquoi les scientifiques cherchent-il cela ? Pourquoi est-ce intéressant ? Qu’est-ce que ces résultats nous apprennent sur le monde ? A quoi cela peut-il servir ? Il faut donc, bien avant l’interview, prendre de la hauteur par rapport à son travail quotidien de chercheur, ce qui n’est pas toujours évident.
L’émotion, le sel d’une bonne interview
Enfin, le « bon client » est un scientifique qui sait faire passer une émotion. La science pour la science intéresse peu les gens. L’émerveillement, l’humour, la poésie sont des moyens d’accrocher le public, et de lui raconter ensuite plein de science pointue.
Si l’interview se passe bien, il y a toutes les chances pour que le journaliste refasse appel à vous !
Cécile Michaut et Audrey Mikaëlian