« Comment peuvent-ils ne pas parler de cette découverte ? » « Pourquoi diable s’étalent-ils autant sur ce sujet stupide ? » Les lecteurs critiquent souvent choix des rédactions, en science comme dans les autres rubriques. Petit décryptage de la manière dont les sujets sont choisis.
Quoi de neuf, docteur ?
Un critère domine tous les autres : l’actualité. Autrement dit, qu’y a-t-il de nouveau en science récemment ? « Quelle est l’actu ? » demandera systématiquement le rédacteur en chef à ceux qui lui proposent des sujets. Mais qu’appelle-t-on l’actualité ? Pour un quotidien, c’est ce qui s’est passé la veille. Pour un hebdo, l’ensemble des infos de semaine précédente, tandis que le mensuel regardera les nouveautés du mois passé. Donc pour un pigiste ou un scientifique, inutile de contacter un journal pour lui proposer un article sur un résultat d’il y a trois mois : la proposition rejoindra directement la poubelle.
Cependant, la recherche est un processus continu, la notion même d’actualité peut-elle s’appliquer ? Oui, comme pour tous les autres domaines traités par les médias. En sciences, l’actualité la plus évidente est l’article scientifique publié dans une revue à comité de lecture. Même s’il est le résultat de plusieurs années de recherche, il paraît un jour précis. Si le résultat est important, il sera probablement repris par des médias dans les jours qui suivent.
Inaugurations et catastrophes
Mais l’actualité scientifique est bien plus large que ça. L’inauguration d’un grand équipement, le lancement d’un satellite, sont aussi des sujets susceptibles d’intéresser les journaux. Ces derniers sont aussi friands de prix, notamment les prix Nobel, un sujet incontournable pour les médias, surtout quand le lauréat est français.
L’actualité ne provient pas seulement des laboratoires. Les catastrophes, par exemple, sont souvent traitées sous un angle scientifique : montrer pourquoi telle région est propice aux secousses sismiques, rappeler que les tremblements de terre sont difficiles à prévoir, expliquer un accident nucléaire comme celui de Fukushima, sont autant d’occasion de parler de sciences.
Tout est scientifique
Parfois, l’actualité est politique, et la science a son mot à dire. Le découpage électoral : une question de statistiques. La pollution de l’air : un mélange de chimie de l’atmosphère et d’épidémiologie. Alimentation et agriculture, politique énergétique, médecine, transports….tous ces sujets peuvent être abordés sous le prisme scientifique, incluant les sciences sociales.
Si l’actualité est– sauf exception – indispensable, elle ne suffit pas pour qu’un média traite un sujet. Sinon, chaque petit résultat dans une revue scientifique ferait l’objet d’un article. L’autre critère primordial est : ce sujet intéresse-t-il notre lectorat, ou concerne-t-il uniquement les spécialistes du domaine ? La réponse dépend de chaque journal : Le Monde ne fera pas le même choix que Ouest France, et un résultat passionnant pour La Recherche risque de laisser L’Express de marbre. En effet, chaque journal vise un type de lectorat, et s’adapte à ses centres d’intérêt.
Cécile Michaut