A savoir

Les journalistes scientifiques : portrait d’une profession méconnue

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Il n’existe pas de portrait-type du journaliste scientifique. La diversité de ses formations et de ses modes de fonctionnement est probablement sa richesse

C’est l’une des grandes spécificités de ce métier : on n’est pas journaliste par le diplôme, mais par la pratique du journalisme (contrairement aux médecins, avocats, ingénieurs…).

Si vous pensez que les journalistes scientifiques sont avant tout des scientifiques, qui ont éventuellement fait une formation complémentaire en journalisme, vous n’avez pas tout à fait tort, mais pas tout à fait raison non plus. Idem si vous imaginez qu’ils et elles proviennent d’école de journalisme, et se sont spécialisés ensuite en sciences. En réalité, les deux sont possibles. Mais ce n’est pas tout !

En sciences, les médias les plus pointus, par exemple les magazines de vulgarisation scientifique les plus ardus, emploient beaucoup de journalistes ayant uniquement une formation scientifique parfois très avancée (jusqu’au doctorat). Inversement, les médias grand public accueillent davantage de personnes ayant suivi un cursus de journalisme. Mais il existe aussi des journalistes ayant fait de toutes autres études : histoire, économie… voire pas d’études supérieures du tout (même si c’est de plus en plus rare).

Du côté des conditions d’exercice, la réalité est également très contrastée. Les journaux écrits, qui emploient la grande majorité des journalistes scientifiques, proposent deux grands types de contrat : du salariat classique, et un paiement « à la pige ». Certains journalistes – les pigistes – sont en effet extérieurs aux rédactions. Ils sont payés à l’article. Ils peuvent proposer leurs articles à plusieurs journaux, et leur rémunération dépend directement de leur capacité à convaincre les rédacteurs en chef de l’intérêt de leur sujet ! Plus précaires (et/ou plus libres), ils sont en moyenne moins bien payés que les journalistes en poste. Certains sont pigistes par choix, d’autres par obligation, faute de trouver une place en rédaction.

Certains journalistes scientifiques sont généralistes, jonglant entre le dernier rapport du GIEC, une fouille archéologique, une découverte en physique fondamentale et un scandale en santé publique. C’est dire s’ils ne peuvent tout connaître sur chaque sujet ! D’autres sont plus spécialisés, mais dans tous les cas, le domaine qu’ils couvrent est très large, par exemple sciences de la matière, ou biologie, ou santé.

Côté télévision, les journalistes scientifiques sont beaucoup plus rares. Une vingtaine maximum seraient exclusivement spécialisés en science. Ils sont intermittents du spectacle, et travaillent pour des « boîtes de production », des sociétés qui produisent des émissions ou des documentaires et les vendent aux chaînes. Il est étonnant de constater que les chaînes de télévision ne produisent presque rien elles-mêmes, hormis les journaux télévisés !

Malgré cette grande diversité, tous ces journalistes ont un point commun : ils sont journalistes avant tout. Ils font le même métier qu’un journaliste politique, économique, culturel ou sportif. Simplement, leur spécialité est la science. Ils ne sont ni des traducteurs en langage grand public des scientifiques, ni les porte-paroles de institutions de recherche. Ils enquêtent, recoupent, vérifient, et finalement rendent compte au lecteur ou au téléspectateur de manière claire et intéressante de ce qu’ils ont compris. Bref, ils sont au service de leur public.