Si la science est bien présente dans la presse spécialisée, elle est reléguée au second plan dans les journaux généralistes. Comme si seuls les passionnés de science méritaient de s’informer sur les dernières découvertes et leurs conséquences.
De belles revues spécialisées
À première vue, la science semble plutôt bien lotie dans les kiosques. Et ce, grâce à la presse spécialisée : Science et Vie, Sciences et Avenir, La Recherche, Pour la Science pour citer les quatre plus connus, auxquels il faut rajouter les revues plus spécialisées telles que Tangente pour les mathématiques, Ciel et Espace en astronomie et astrophysique, Cerveau et Psycho en neurosciences, ou Sciences Humaines.
N’oublions pas les revues destinées à un public plus jeune (mais largement lues par les adultes) comme Science et Vie Junior et Science et Vie Découverte. Certains magazines non étiquetés « scientifiques » parlent aussi beaucoup de science, comme Ça m’intéresse (qui publie d’ailleurs aujourd’hui une déclinaison plus scientifique, Ça m’intéresse sciences). Malheureusement, on trouve aussi dans les kiosques, à côté de ces revues, des magazines de pseudosciences, dont le manque de rigueur est difficile à repérer pour le lecteur novice.
Une presse généraliste à la traîne
Mais la richesse de cette presse spécialisée ne saurait faire oublier l’indigence en science du reste de la presse. À l’exception de quelques quotidiens, comme Le Monde qui édite un cahier hebdomadaire de huit pages en sciences et médecine, Le Figaro et sa page quotidienne sur le même sujet, et La Croix, qui publie presque chaque semaine un cahier science et éthique, c’est le vide quasi sidéral. La presse régionale ignore la science, les news magazines (Marianne, l’Obs, Le Point, L’Express …) la réduisent à la portion congrue.
Chez nos amis francophones, la science semble un peu plus valorisée. C’est le cas pour Le Temps, principal quotidien francophone suisse, qui dispose d’une rubrique science accessible dès la première page de son site web, au même niveau les autres rubriques. Il faut en revanche longuement chercher pour trouver les articles scientifiques dans Le Soir en Belgique. Au Québec, la science est surtout présente dans quelques magazines, comme Les Débrouillards très populaire chez les enfants, Curium pour les adolescents, et Québec Science pour les adultes.
La science n’intéresse pas le public, vraiment ?
La cause du désintérêt français pour ce qui se passe dans les laboratoires vient probablement de la formation des journalistes. Celle-ci donne la part belle à la politique, l’international et l’économie, trois rubriques souvent considérées comme les plus nobles. L’absence de sciences dans les formations entraîne une méfiance envers les sujets de sciences, vus comme trop compliqués. L’étape suivante, l’affirmation selon laquelle la science n’intéresse pas le public, en découle logiquement. C’est comme cela qu’elle se retrouve trop souvent reléguée dans les profondeurs du journal, ou même évincée.
Les conséquences de ce manque d’intérêt des directeurs de journaux et autres rédacteurs en chef ne sont pas anodines. Aujourd’hui plus que jamais, la science et la technologie ont un impact sur nos vies. Songeons au changement climatique, à l’intelligence artificielle, aux sciences agronomiques, ou encore aux progrès médicaux ! Comment prétendre informer si l’on ne prend pas ces sujets au sérieux ?
Cécile Michaut
Aller plus loin :
Sites web des journaux cités dans l’article
http://junior.science-et-vie.com
http:// http://curiummag.com
Rubrique « science » du site Journaux.fr recensant de nombreux journaux français (attention, des journaux de pseudoscience se sont glissés dans cette rubrique
https://www.journaux.fr/sciences_sciences-et-techniques_1_0_37.html